Modave
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Historique

Notice inspirée de l'ouvrage "Histoire de la Seigneurie de Modave" par l'Abbé Sylvain BALAU - Liège 1895.

Vous trouverez ci-dessous une liste des occupants successifs du Château de Modave.
Il suffit de cliquer sur leur nom pour faire apparaître un petit descriptif pour chacun d'eux.

Modave portait, au témoignage de Lefort: "D'argent au lion d'azur couronné, armé et lampassé d'or, aiant sur le timbre une couronne fleuronnée, pour cymier un lion naissant et pour tenants deux hommes sauvages, couronnés et centurés de branches et feuillages au naturel".


Ces armes sont représentées, à peu près de la même manière, sur la tombe de Jean de Modave et de son épouse, Jeanne de Spontin en l'église de Modave.


Le personnage le plus ancien que nous trouvons signalé sous le nom de Modave est Jean de Modave, cité par Hemricourt et par Jean d'Outremeuse. Ces deux auteurs s'accordent à nous dire qu'il épousa Marguerite, fille de Louis de Surlet et de la fille du Comte de Hozémont. Il eut pour enfants 1. Pierre, 2. Jehan, 3. Louis, mort sans héritiers directs, 4. Gilles (marié à Maheal de Meffe dont naquirent: Henri vesti de Fleurus, Guillaume vesti de Clermont, près de Beaumont et Marguerite), 5. Catherine.


Jean d'Outremeuse nous dit en outre que le père de Jean de Modave était Conrard de Visé.
Ce Jean de Modave ne paraît pas devoir être mis au nombre des possesseurs de la Seigneurie. En effet, il est dénommé par les auteurs susdits non pas Sire ou Seigneur de Modave, mais simplement Jean de Modave. Il vivait d'ailleurs vers 1233 puisque son beau-père, riche bourgeois de Liage, est mort cette année. Or, nous verrons que précisément à cette époque, Modave appartenait au Seigneur Walther, dont le nom ne se rattache d'aucune manière à la généalogie que nous venons d'établir.

Walther de Modave (Walterus de Modalle) intervient, comme Seigneur de Modave, dans un accord au sujet du partage de la dîme conclu avec le chapitre de Saint-Denis à Liège le 26 août 1233, vendredi après la fête de Saint-Barthélémy.

L'année suivante, au mois de mars, il engage sa part de la dîme à l'abbaye du Val-St-Lambert.

Walther laisse un fils: Henri de Modave.

Henri de Modave est cité par Lefort, comme vivant en 1263. En effet, le 12 novembre de cette année, il intervient comme témoin, à une charte de Val Saint-Lambert: "In presentia ...aliorum plurimorum. videlicet Henrici filii quondam domini Walteri de Modale militis".

Il fut. s'il faut en croire les chroniqueurs. grand maréchal du prince-évêque de Liège, Jean d'Enghien, et prit une part importante à la guerre dite "de la vache", qui désolait le Condroz.

Walther de Modave est cité, le 3 décembre 1295 et le 20 janvier 1298, avec son fils Jean et avec ses trois frères, Jean dit le moine de Modave, Gilles et Thomas.

Walther, chevalier, châtelain de Modave (castellanus de Mondale) conclut, le 5 octobre 1303, un accord avec le chapitre de Saint-Denis à Liège, au sujet du droit de patronage sur l'église de Modave.

Walther de Modave avait épousé une fille de Gérard de Hemricourt, Seigneur de Vyle en Condroz; de cette union, naquirent trois fils: Jean, Godefroid et Walther Waldor.

Godefroid, chevalier, châtelain de Modave, conclut en 1346, le 20 décembre, veille de la fête de Saint-Thomas, un nouvel accord avec le chapitre de Saint-Denis au sujet des difficultés renaissantes touchant le droit de patronage sur l'église de Modave. Lefort le mentionne comme ayant fait testament en 1357 en faveur de son fils aîné Walther.

Walther, Seigneur de Modave, chevalier, délivra, avec ses hommes de fief, à Arnould de Warfuzée, un record des droitures de l'avouerie d'Amay, en date du 7 juin 1384. A sa mort, la descendance directe s'éteignit et la Seigneurie passa aux enfants de Walther Waldor dans la ligne collatérale.

Gérard, Seigneur de Modave, était le fils aîné de Walther Waldor et frère de Conrard Waldor.

La Seigneurie de Modave passe à la famille de Sorée probablement par transfert de Gérard de Modave.

Le 7 janvier 1422, Jean de Sorée échangea avec Jean Waldor, son cousin, cette seigneurie contre les terres de Reppe et de Frandeux.

Jean Waldor de Modave, fils de Conrard Waldor, descendait des Jupplen de Sorée par sa mère Agnès. Il épousa en 1413 Yolente de Daverdisse. Leurs convenances de mariage, conclues le 29 décembre de cette année, sont approuvées par devant les échevins de Liège en 1417.

Il agit en qualité de Seigneur Modave en 1433 et en 1438.

Les seigneuries de Grand-Modave et de Petit-Modave furent réunies sous son domaine en 1425.

Il eut quatre enfants dont Jean Hustin.

Jean Hustin, Seigneur de Modave, Gramptinnes, Skeuvre, Wanzenne, Vignée, faisait partie de l'Etat-noble du pays de Liège et comté de Looz. Il épousa, en 1440, Jeanne Gossuin, fille de Jean Gossuin, maïeur et châtelain de Bouvignes.

Il acquit la moitié de la Seigneurie de Grand-Modave non rentrée encore dans sa famille.

Durant les années 1461 à 1492, des guerres éclatèrent entre le duc de Bourgogne et les Liégeois. Jean Hustin dut suivre dans celles-ci la bannière de son suzerain. Aussi le Château de Modave eut-il sa part dans les dévastations que commettaient les armées des deux parties.

Jean Hustin mourut le 22 octobre 1501, Il laissa plusieurs enfants dont Jean de Modave.

Jean, Seigneur de Modave, gentilhomme de l'Etat-noble du pays de Liège, releva le 9 octobre 1502, par succession de son père, la seigneurie de Modave, par devant Gilles de Crissegnée, avoué de Huy.

Il mourut vers 1506 et eut de sa première femme trois enfants dont Jean de Modave.

Jean, Seigneur de Modave, grand bailli de Condroz, épousa en premières noces Anne Auxbrebis.

Il épousa en secondes noces Jeanne de Spontin, dame héritière de Sorinnes et de Freyr, fille de Jacques de Spontin et de Marie de Salmier.

Il mourut le 2 juillet 1533, sans héritier. Avec lui s'éteignit cette branche de la famille.

Par testament du 9 juin 1533, il laissa la propriété du château et de la Seigneurie de Modave à son neveu Jean de Haultepenne dit de Barvaux.

Haultepenne, qui est, dit Hemricourt, de la descendance de la célèbre famille de Dammartin, porte d'argent parsemé de fleurs de Lys de gueules avec pour cimier, deux cors de chasse surmontés d'une tête de chien au cou allongé. On retrouve ces armes au-dessus de la porte d'entrée de l'église de St-Fontaine.

Saint-Fontaine porte: "coticé d'argent et d'azur de dix pièces, à l'aigle de gueules, membrée de sable, à la tête de sanglier de même, brochante sur le tout. Cimier: un aigle surmonté d'une tête de sanglier".

Ces deux familles ont donné quelques seigneurs à la terre de Grand-Modave, après l'extinction de la branche des Modave, à savoir:

Jean de Haultepenne, dit de Barvaux, devint Seigneur de Grand-Modave après la mort de Jeanne de Spontin, en vertu du testament de son oncle Jean de Modave.

Du mariage du précité avec Marie de Vervoz, naquirent trois enfants dont Catherine de Haultepenne.

Nicolas de Saint-Fontaine, dit de Haultepenne, Seigneur de Modave, haut voué des Avins, obtint la seigneurie de Modave par son mariage avec Catherine de Haultepenne, conclu par contrat du 20 février 1571.

Il agit comme seigneur de Modave au titre de sa femme, en 1587.

De ce mariage naquirent six enfants dont Nicolas de Saint-Fontaine.

Nicolas de Saint-Fontaine, Seigneur de Saint-Fontaine, Modave, Pailhe, haut-voué des Avins, hérita de la seigneurie de Modave, par testament de ses parents, et de la seigneurie de Saint-Fontaine par la mort de son frère Olivier, qui était simple d'esprit.

Par contrat en date du 19 février 1618, il épousa Charlotte-Françoise de Haultepenne, sa cousine.

Le 23 janvier 1642, quelques mois avant sa mort, Nicolas de Saint-Fontaine vendit à Jean de Marchin le château et la Seigneurie de Modave.

"Ceulx de Marchin dessus Barche en Condroz portent, dit Hemricourt, d'argent au bar (barbeau) de gueules et crient Marchin, dont ceulx d'Anthine et de Pexheurue de Huy sont extraits".

La maison de Marchin a donné trois Seigneurs à la terre de Modave: Jean de Marchin (1642-1652), Jean-Gaspard Ferdinand de Marchin (1652-1673) et Jean Ferdinand de Marchin (1673-1682).

Jean de Marchin, chevalier, seigneur de Ramezée, voué de Fosse, lieutenant-gouverneur du château de Huy, au temps où le Baron de Mérode de Jebay en était gouverneur, était fils de Nicolas de Marchin, chevalier, Seigneur de Chantraine, voué de Ramelot et de Fosse, et de Marguerite d'Orley de Linster.

Jean de Marchin, agissant au nom de son fils Jean-Gaspard-Ferdinand, acheta, le 20 janvier 1642, la seigneurie de Modave à Nicolas de Saint-Fontaine et à Catherine de Haultepenne, son épouse. L'acquisition se fit au prix de "cent et dix mille florins Brabant et mille florins semblables à la ditte dame pour des épeingues(*)".

Epeingues: "Don fait à une dame quand on conclut un marché avec son époux."

Jean-Gaspard-Ferdinand Comte de MarchinJean-Gaspard-Ferdinand, Comte de Marchin (1652- 1673)

Jean-Gaspard-Ferdinand de Marchin (1601-1673) fut un grand chef militaire.

Enrôlé à treize ans dans le régiment liégeois du Comte de Tilly, il fit la guerre sous les meilleurs maîtres ou en face d'eux: il servit notamment sous le Prince de Condé.

Lorsque la Fronde divisa la France en deux, Marchin, qui se voyait déjà Maréchal de France, dut partager la disgrâce du Prince de Condé et fut enfermé à la citadelle de Perpignan. Après treize mois de captivité, il sortit de prison et reprit son commandement en Catalogne.

Peu avant, il avait épousé Marie de Balzac d'Entragues, fille du Marquis de Clermont, conseiller du Roi de France.

Le Prince de Condé, sous prétexte de débarrasser le Roi de Mazarin, leva l'étendard de la révolte et fit alliance avec les Pays-Bas. Il appela à lui Marchin qui défendait Barcelone contre les Espagnols.

Marchin retrouva Condé à Namur commandant les troupes espagnoles opposées à Turenne. Mais au grand étonnement de son supérieur, Marchin refusa résolument de porter ses troupes et celles de Lorraine dans son pays natal, couvert par sa neutralité.

La paix avec le Roi fut conclue le 30 juillet 1653 à l'exclusion de Condé. Marchin refusa l'amnistie et s'embarqua pour l'Espagne où Philippe IV le nomma capitaine général dans ses armées.

Aucune marque d'honneur n'était refusée à Marchin. En 1658, Charles II le fit Chevalier de la Jarretière et l'Empereur Léopold 1er lui conféra le titre de Comte du Saint-Empire.

Après la conclusion, l'année suivante, de la paix des Pyrénées, tandis que Condé rentrait dans sa patrie, repentant et soumis, le Comte de Marchin, abandonné de son chef, reprit sa liberté.

Après une dernière campagne désastreuse au Portugal en 1663-1664 pour le compte de Don Juan d'Autriche, Marchin se retira définitivement dans son château de Modave et consacra toute sa fortune à sa restauration.

Les travaux durèrent quinze ans et c'est de cette époque que date l'aspect actuel du château et de ses dépendances (voir chapitre Architecture).

Marchin laissa un fils et une fille:
Jean-Ferdinand, né à Malines en février 1656 et Agnès, qui mourut en bas âge.

 

Jean-Ferdinand de MarchinL'époque du Comte Jean-Gaspard-Ferdinand de Marchin avait été pleine de splendeur pour Modave, c'est alors qu'y furent exécutés tous les grands travaux de restauration et d'embellissement tant au château qu'à l'église.

Le jeune Comte Jean-Ferdinand n'avait pas au pays de Liège les mêmes attaches que son père. Son enfance s'était écoulée en France. En effet, à peine âgé de cinq ans, il avait obtenu, au mois de février 1661, avec sa soeur Agnès, sur la demande de Marie de Balzac, sa mère, et de son grand-père Henri de Balzac, des lettres de naturalité qui furent enregistrées en la Chambre des comptes à Paris, le 21 mars suivant. Aussitôt après la mort de son époux, Marie de Balzac émancipa son fils et renonça à ses droits d'usufruit, par acte du 22 novembre 1673.

Déjà à cette époque, le Comte Jean-Ferdinand de Marchin, âgé de dix-sept ans, portait les armes au service de la France. La Comtesse mère quitta elle-même les Pays-Bas et retourna en France, le 13 janvier 1674.

Alors commença pour Modave une période d'abandon et de décadence. Le jeune Comte n'habita guère le beau château reconstruit par son père. Marchin ne songea plus à Modave que pour tâcher de vendre cette terre. Il l'aliéna le 12 septembre 1682, en faveur de Maximilien-Henri de Bavière, archevêque et électeur de Cologne, évêque et Prince de Liège. En 1688, le 8 mai, il vendit même la seigneurie de Marchin.

Ce fut surtout après cette date que commença pour le Comte de Marchin cette brillante carrière militaire qui lui valut, le 8 octobre 1703, le bâton de Maréchal.

Entré au service de la France en 1673, il devint maréchal de camp en 1693, général de la cavalerie de l'armée en 1695, puis lieutenant-général en 1701 et ambassadeur extraordinaire à Madrid. Il accompagna Philippe V dans son voyage à Naples, assista au combat de Luzzara en 1702, combattit en Allemagne en 1703 et obtint enfin le bâton de Maréchal.

Envoyé en Bavière pour soutenir les troupes de l'Electeur, allié de la France, il assista à la défaite d'Hochstedt en 1704 et put se retirer en bon ordre.

En 1705, de concert avec Villars, il obligea les Impériaux à repasser le Rhin.

En 1706, il accompagna le duc d'Orléans en Italie et fut blessé à mort devant Turin le 8 septembre.

Le Prince Maximilien-Henri de Bavière, archevêque électeur de Cologne, évêque de Liège et de Hildesheim, né en 1621, décédé en 1688, établit au château de Modave le Baron Guillaume-Claude de Haultepenne. Il avait acquis la Seigneurie au prix de 45.000 patacons. Par acte chirographaire du 16 novembre 1684, il la céda à Guillaume Egon, Prince de Fürstenberg, évêque et Prince de Strasbourg, qui fut peu de temps après nommé cardinal. Toutefois, il s'était réservé, sa vie durant, la faculté de faire de Modave sa résidence pour autant de temps et aussi souvent qu'il lui plairait. Il énonce en outre, dans l'acte de cession, les motifs de sa générosité envers Fürstenberg.

Né en 1629, le Cardinal Guillaume Egon, Comte de Fürstenberg, évêque et Prince de Strasbourg, avait de grandes ambitions.

Espérant devenir électeur de Cologne et prince-évêque de Liège, avec l'appui de Louis XIV, Fürstenberg avait porté son choix sur la résidence de Modave.

Il accrut l'étendue et la splendeur de son magnifique domaine et acquit notamment en 1687, divers biens de la famille de Ville dont l'un des représentants, Arnold de Ville, avait été envoyé au pays de Liège par Louis XIV pour appuyer la candidature de Fürstenberg à la coadjutorerie.

Les espérances de ce dernier furent déçues; le siège de Cologne fut attribué à Joseph-Clément de Bavière, tandis que le chapitre de Liège donna ses suffrages à Jean-Louis d'Elderen.

Fürstenberg, déclaré ennemi de l'empire, se réfugia sous la protection de Louis XIV et mourut à la grande abbaye de Saint-Germain des Prés en 1704, ne laissant que des dettes.

Dès 1689, le Cardinal avait fait don de la Seigneurie de Modave à la Comtesse douairière de La Marck. Malheureusement pour celle-ci, l'acte de vente de 1687 contenait tant de clauses draconniennes que le domaine de Modave revint en 1706 au principal créancier, Arnold de Ville, par ailleurs "conseiller" du Cardinal.

Arnold de VilleArnold de Ville était né le 15 mai 1653 de Winand de Ville, riche maître de forges, élu bourgmestre de Huy les 18 novembre 1657, 18 novembre 1666 et 6 juillet 1687, et de Catherine-Elisabeth de Lierneux.

Arnold de Ville recherchait avidement les honneurs et dignités. Il employa tous ses efforts pour se faire créer vicomte par Louis XIV. Ce projet ne fut probablement pas agréé, mais Arnold de Ville fut plus heureux dans l'obtention d'un autre titre, celui de Baron libre du Saint-Empire, lequel fut décerné à son père Winand de Ville et à ses descendants par diplôme impérial le 14 janvier 1686.

Les de Ville portent: "D'argent au lion rampant de gueules, chargé d'une fasce d'azur, accompagné de trois étoiles de gueules, deux en chef et une en pointe "; ces armes furent enregistrées à l'Armorial général de France, le 20 novembre 1696.

Habile procédurier, il soutint une multitude de procès pour la conservation ou l'accroissement de sa fortune.

La Seigneurie de Grand et de Petit-Modave resta la propriété personnelle du Baron Arnold de Ville, car celui-ci s'était fait préalablement céder par son père les biens qu'il vendit, en son propre nom, au Cardinal de Fürstenberg, en 1687. C'est donc à son profit aussi que fut décrétée la saisie de 1706.

Le Baron de Ville avait épousé Anne-Barbe de Courcelle, fille de Charles-Joseph de Courcelle, écuyer, conseiller du roi, seigneur de Montigny, et de dame Barbe Besser. Leurs convenances de mariage furent conclues à Paris le 22 avril 1708.

Le Baron Arnold de Ville commença à habiter plus souvent, vers la fin du règne de Louis XIV, ses domaines de Modave et de Biesmerée. La cour de Modave atteste en 1711 qu'il y tient sa fixe résidence et domicile ordinaire depuis deux ans. La cour de Biesmerée certifie en 1718 qu'il a en cet endroit son château meublé où il vient demeurer quand ses affaires en France le lui permettent. Il mourut au château de Modave le 22 février 1722.

Le mariage d'Anne-Marie-Barbe de Ville, née à Metz le 25 mai 1713, avec Anne-Léon de Montmorency, conclu le 11 décembre 1730, fit passer le château de Modave aux mains de la première famille de France. Le voeu qu'avait formé le Baron de Ville dans son testament, au sujet de l'alliance qu'il souhaitait pour sa fille, se trouva réalisé au-delà de ce que son ambition aurait pu espérer.

Anne-Léon de Montmorency, baron de Fosseux, seigneur de Courtalain, Bois-Ruffin, Le Plessis, Arrou, est né le 14 septembre 1705, de Léon de Montmorency et de Marie-Madeleine-Jeanne de Poussemothe de l'Etoile.

Il fut d'abord appelé Baron de Montmorency et devint en 1775, Duc de Montmorency et chef de nom et d'armes de sa maison.

L' union du Baron de Montmorency avec la riche héritière de Modave n'avait pas été de longue durée. La jeune Baronne de Ville , Baronne de Montmorency, mou rut de ses premières couches, le 13 août 1731.

Le Baron se remaria, le 23 octobre 1752, avec Marie-Madeleine-Gabrielle de Charette de Montebert, veuve en premières noces de Louis de Serent, Marquis de Kerfily et en secondes noces d'Henri-François d'Avangour, Comte de Vertus. Marie-Madeleine-Gabrielle de Charette était née en 1707; elle mourut à Paris, le 8 janvier 1778.

Le Duc de Montmorency devint seigneur de Modave à la mort de sa belle-mère en 1772 et mourut à Paris le 26 août 1785.

Il eut de son premier mariage un fils: Anne-Léon de Montmorency.

Anne-Léon. Duc de Montmorency, participa, dans la compagnie des Mousquetaires, au siège de Namur, à la bataille de Rocour et à la campagne d'Allemagne de 1763 en qualité de maréchal de camp.

Il épousa en premières noces, le 27 janvier 1761, Marie Judith de Champagne qui mourut à l'âge de dix-huit ans.

Le 6 octobre 1767, Montmorency se remaria avec sa cousine, Charlotte de Montmorency-Luxembourg, de vingt ans sa cadette.

Les Montmorency ne faisaient que d'assez rares visites à leurs domaines du Pays de Liège. Ces biens étaient administrés par le greffier Denis de Lhonneux, secondé par son épouse, née Catherine Namur.

Lorsque les Montmorency se virent menacés par les Révolutionnaires de 1789, ils cherchèrent un asile en Belgique. Le Duc de Montmorency avait même, dit-on, proposé à Louis XVI, le Château de Modave comme lieu de refuge, l'arrestation du Souverain à Varennes, le 22 juin 1791, vint bouleverser ces plans.

Suite à l'envahissement de notre pays par les armées de la République, les Montmorency s'expatrièrent en Allemagne, leurs biens furent mis en vente et le Duc de Montmorency mourut en exil le 1er septembre 1799.

Madame de Lhonneux se rendit propriétaire des deux fermes de Modave et Petit-Modave qu'elle restitua aux héritiers du Duc de Montmorency.

Les Montmorency parvinrent également à récupérer leurs biens séquestrés, mais non vendus.

Portrait LamarcheLa Famille de Montmorency vendit, le 28 juin 1817, tous ses biens, meubles et immeubles, de Modave à Monsieur Lamarche.

A la mort de celui-ci, son gendre, le sénateur Frédéric Braconier, reprit la propriété qu'il habita jusqu'à son décès en 1912.

De 1912 à 1928, le domaine de Modave appartint à ses fils, Messieurs Yvan et Raymond Braconier.

Ce dernier, le 15 septembre 1928, fit apport de la propriété de Modave à la Société Anonyme "Domaine de Modave". L'acte constitutif fut dressé par Maître Aerts, notaire à Liège.

Madame Thérèse Van Hoegaerden, épouse du Baron Jules de Rosen de Borgharen, acquit le château le 17 décembre 1935.

Celui-ci devint la propriété de la S.A. "Immobilière et de Gestion" le 30 juillet 1936.

Enfin, le domaine fut acheté en mars 1941 par la "Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux", en vue d'assurer la protection de ses importants captages réalisés dans le parc du château.

Haut lieu de l'histoire condruzienne, le château de Modave a reçu la visite de personnes illustres. Le Prince Albert, futur Roi Chevalier y logea du 27 au 28 août 1896, et, plus près de nous, y déjeunèrent Leurs Majestés le Roi Baudouin et la Reine Fabiola en septembre 1974 et Son Altesse Royale le Prince Laurent en avril 1995.

Le château de Modave sert également de cadre prestigieux à des manifestations culturelles et artistiques.